Recherche sur l'embryon :
inutilité scientifique, dérive idéologique ou
dérivatif politique pour le Gouvernement ?
Le gouvernement veut donc légiférer dans les prochains jours sur la recherche sur l'embryon. Cette nouvelle, si elle était confirmée serait particulièrement scan- daleuse par son caractère purement idéologique.
Sur le fond, parce qu'il n'y a jamais eu aussi peu d'arguments scientifiques en faveur de la recherche sur l'embryon. Les cellules souches induites iPS et les cellules souches adultes sont des alternatives si prometteuses qu'elles risquent de rendre inutiles les cellules souches embryonnaires comme objet de recherche.
Sur la forme, parce que les lois de bioéthique ont fait l'objet de longues discussions et de larges débats démocratiques. Il avait été décidé de les réviser dans 7 ans. Passer en force comme cela semble être le projet du gouvernement revient à nier le débat démocratique qui a eu lieu et qui a abouti à un compromis équilibré, entre interdiction et dérogations au coup par coup.
L'intérêt de libérer la recherche sur l'embryon est donc devenu scientifiquement contestable. Il y a deux explications à cette volonté du Gouvernement : la fascination pour une certaine "rupture morale" avec le "monde d'avant", et celle de la recherche de dérivatifs dans ces débats dits "de société" pour contrebalancer ses multiples reculades, en particulier économiques.
Dans tous les cas, la loi prévoit aujourd'hui un subtil équilibre entre interdiction et recherche exceptionnelle. Quelle nouveauté permet de le bouleverser ?
Philippe Juvin
Eurodéputé
Secrétaire national de l'UMP